Agenda
#Danse

Le cerveau mou de l’existence

Lausanne, mar 16 avril - dim 21 avril
Culture
#Histoire #Littérature

Vieille comme la rue? La prostitution hier et aujourd’hui

Genève, ven 19 avril, 17:30
Culture

Sasha Velour, The Big Reveal Live Show

Genève, ven 5 avril, 19:00

Onze destins trans en Bolivie

Onze destins trans en Bolivie
Tamara sur les hauteurs de La Paz. Projet «Soy del ambiente» © Delphine Blast et Hans Lucas

Il y a une année, La Paz promulguait la loi sur l’identité de genre, qui permet aux personnes transgenres de changer de nom et de sexe sur leurs documents officiels. Mais la réalité reste difficile.

Dans une société encore très traditionnelle, il n’est pas bon d’être trans* en Bolivie. Malgré le développement de plusieurs organisations de défense des droits des LGBT dans le pays ces dernières années, de nombreux membres de la communauté doivent aujourd’hui encore affronter l’intolérance et la violence, parfois même dans leur propre famille. En mars 2016, je me suis rendue en Bolivie afin de rencontrer ces personnes qui, trop souvent rejetées et abandonnées à cause de leur identité de genre, restent incomprises mais luttent afin d’être en accord avec qui elles sont vraiment. Rencontre avec celles et ceux qui, stigmatisés, veulent exister.

CANDY

Candy dans les rues de La Paz
Candy dans les rues de La Paz

Candy est transgenre depuis qu’elle a 17 ans. Elle se prostitue depuis trois ans pour gagner sa vie et se payer ses opérations. En avril 2015, dans la plus grande clandestinité, elle a fait une opération de réassignation chirurgicale. Une amie transgenre lui a injecté en anesthésie locale dans le corps plus de deux litres d’huile de silicone de mauvaise qualité pour avoir des formes plus féminines.

Ce processus très fréquemment utilisé est très douloureux mais aussi très dangereux. Plusieurs personnes transgenres ont déjà perdu la vie ou ont eu des complications. Sa famille a accepté son changement d’identité, car «ils sont plutôt ouverts», comme l’explique Candy, «mais cela n’est pas toujours aussi facile, loin de là, surtout dans un pays comme la Bolivie. Les gens me dévisagent dans les rues de La Paz ou de Santa Cruz. Ils sont mal à l’aise, mais je m’en fiche. »

JENNIFER

Jennifer dans une maison particulière  de La Paz
Jennifer dans une maison particulière de La Paz

Jennifer se transforme régulièrement en femme, et ce depuis l’âge de 6 ans. «Je portais en cachette les vêtements de ma mère lorsqu’elle partait de la maison.» Jennifer a du mal à définir son identité: «Je ne suis pas trans, je ne suis pas gay, j’aime les femmes, mais me transformer est pour moi un moyen d’exprimer une partie de moi. Je me sens bien en femme.» Habitant toujours chez ses parents et travaillant avec eux dans l’entreprise familiale de fabrication de bijoux, Jennifer n’est jamais sortie de la maison «transformée ». Elle a trop peur, peur d’être reconnue par des voisins, des amis, des membres de sa famille. Sa chambre est son jardin secret où elle peut s’échapper virtuellement grâce à son ordinateur, à Facebook notamment. «Cela me permet d’exprimer mon deuxième moi, mais aussi de connaître d’autres personnes qui me ressemblent.»

Dans l’armoire de sa chambre, au fond d’une étagère, Jennifer cache un sac de sport dans lequel elle a quelques robes, une paire de chaussures à talons, du maquillage et une perruque. Deux à trois fois par mois, elle ouvre ce sac et se transforme, mais sans jamais sortir. Il lui arrive parfois de voir une amie «comme elle» et de se transformer chez elle. «Cela me suffit pour le moment même si j’aimerais parfois sortir dans la rue. Mais je ne pense pas que cela se réalise un jour, encore moins dans un pays comme celui-ci.»

ROBERTO

Roberto, 26 ans, transsexuel, termine de se »transformer«, dans l'appartement qu'il partage avec son petit ami, dans la Ville d'El Alto.
Roberto, 26 ans, transsexuel, termine de se »transformer«, dans l’appartement qu’il partage avec son petit ami, dans la Ville d’El Alto.

Roberto est né homme mais s’est toujours senti femme. Il se transforme lors d’événements spéciaux ou en soirée. Le reste du temps, il préfère rester discret. «Je croyais que j’étais malade. C’est à mes 19 ans, lorsque j’ai commencé à travailler dans une boîte gay pour dépanner un ami, que j’ai compris que je n’étais pas seul», explique t-il. Fils aîné d’une fratrie de six enfants, seule une de ses sœurs est au courant qu’il est gay et se travestit. C’est d’ailleurs avec elle qu’il a monté une entreprise de confection de robes traditionnelles boliviennes dans laquelle il travaille aujourd’hui. Il ne s’imagine pas en parler un jour à ses parents qui sont très croyants et conservateurs. Le petit ami de Roberto est lui aussi conservateur mais accepte qu’il se transforme. Ils se sont rencontrés il y a 4 ans dans un café de l’université et habitent ensemble depuis 3 ans. Leurs voisins ignorent qu’ils sont homosexuels et pensent que l’ami de Roberto l’héberge pour qu’il puisse être proche de son travail. «Nous devons faire très attention. Moi, je suis à mon compte mais mon ami est professeur dans une école primaire. Si la direction apprenait qu’il est gay, il pourrait être viré.»

LUNA

Luna pose dans la rue devant chez elle, El Alto
Luna pose dans la rue devant chez elle, El Alto

Luna est une figure publique de la communauté LGBT en Bolivie. Dans la ville d’El Alto, au Nord de la Paz où elle habite, tout le monde la connaît. Contrairement à beaucoup de personnes transgenres, elle vit pleinement sa transidentité. Elle le doit en grande partie au soutien de sa famille qui, loin de la juger, l’aide beaucoup. «Lorsqu’à mes 16 ans, j’ai dit à mes parents que j’étais gay, ils n’ont pas été surpris. Ils ont même plutôt bien réagi», explique t-elle. Luna, née Rudy, a toujours su qu’elle était une femme et n’a jamais cherché à dissimuler son comportement efféminé, malgré les nombreuses discriminations qu’elle a subies: «A plusieurs reprises, j’ai subi des insultes et on m’a même refusé l’entrée en discothèque parce que j’étais transgenre».

A El Alto, où elle travaille en tant que secrétaire dans une école privée, les habitants ne sont pas tendres: «C’est une ville très difficile pour la communauté car la majorité des habitants vient de la campagne où les mentalités sont très fermées et traditionnelles.» Luna est l’une des premières personne transgenre bolivienne à avoir bénéficié de la loi N°807 d’identité de genre votée en mai 2016 et à obtenir une carte d’identité nationale avec son nouveau nom.

TAMARA

Tamara sur les hauteurs de La Paz
Tamara sur les hauteurs de La Paz

Tamara a mis du temps à avouer qu’elle était différente. A avouer aux autres mais surtout à elle-même. Issue d’une famille bourgeoise, elle a reçu une éducation très stricte. Mariée deux fois, Tamara (Antonio à l’époque) a eu trois enfants de ces deux unions. Mais un jour, elle décide de faire le bilan: «J’avais 33 ans et je me suis demandé ce qui manquait à ma vie. J’avais un métier intéressant, une maison, une voiture, une famille, mais je n’étais pas heureuse. Puis un soir, j’ai regardé un film qui racontait l’histoire d’un homme qui, comme moi, avait fondé une famille mais avait fait son coming out. Je me suis alors dit que si lui pouvait le faire, alors moi aussi». Mais cela ne s’est pas fait sans mal. En plus de la réaction de sa famille, Tamara, travaillant au ministère de la Défense, craignait de perdre son travail. Puis, il y a 4 ans, elle s’est enfin jetée à l’eau. Son annonce a eu l’effet d’une bombe auprès de ses proches. «J’ai tout perdu», explique-t-elle. Sa femme l’a quittée et est partie s’installer aux États-Unis avec leur fils. A part sa mère, Tamara n’a plus aujourd’hui de contact avec le reste de sa famille.

Aujourd’hui, elle se dit heureuse et passe beaucoup de temps avec sa fille de 12 ans, restée avec elle et qui l’appelle «Mapi». Après avoir subi pendant plus de trois ans des opérations chirurgicales, elle poursuit progressivement sa transition. Porte-parole active des LGBT en Bolivie, elle est très engagée et souhaite que le regard de la société bolivienne change. Elle a mis en place un programme d’éducation de la communauté à travers notamment un programme radio. Tamara est aujourd’hui la première fonctionnaire publique transgenre de Bolivie.

GYNA

Gyna dans les rues d’El Alto
Gyna dans les rues d’El Alto

Les parents de Gyna, très traditionnels, se sont rapidement rendus compte que leur fils était très efféminé mais ne l’ont jamais accepté. «À 13 ans, je m’habillais en fille en cachette et je sortais dans la rue. Les gens me regardaient d’un drôle d’air mais je m’en fichais.» Un jour, à 18 ans, alors qu’elle avait passé la soirée dans une discothèque spécialisée, elle rentre au petit matin chez sa mère, encore en tenue de travestie et bien alcoolisée. «Ma famille m’a alors découvert en femme. Tour le monde pleurait, c’était un drame.»

Elle décide alors de ne plus se cacher. Exclue de plusieurs lycées à cause de sa transidentité, elle décide finalement d’interrompre ses études pour se prostituer. «J’ai rencontré des transsexuelles qui m’ont prise sous leur aile et m’ont aidée.» Avec l’argent de ses passes, Gyna finance ses opérations de transformation et se fait opérer de la poitrine, des fessiers puis du nez. «Mais l’argent me servait aussi à me faire accepter dans ma famille. J’ai pu faire des cadeaux à mes frères et sœurs et aider ma mère à payer le loyer.» Aujourd’hui, Gyna vit toujours chez sa mère et veut arrêter la prostitution. «J’attends d’avoir assez d’économies pour finir la maison que je suis en train de construire et louer des chambres à l’année. Je veux reprendre mes études.»

COCO

Coco dans le nouveau terrain qu’elle vient d’acquérir ou elle souhaite s’installer, La Paz
Coco dans le nouveau terrain qu’elle vient d’acquérir ou elle souhaite s’installer, La Paz

Fruit d’une union clandestine, Coco n’a jamais été reconnue par son père. A 9 ans, il a tout de suite su qu’il était différent des autres garçons de son âge et qu’il se sentait fille. Sa mère, très conservatrice, décide de l’envoyer à 11 ans dans un ranch à la campagne pour «le soigner » et en faire un vrai homme. Il y passe plusieurs années à s’occuper du bétail mais il se fait voler toutes ses économies par un beau-père peu scrupuleux. Il rentre alors à Santa Cruz pour commencer une nouvelle vie, en tant que femme cette fois-ci et commence à se prostituer. A 26 ans, son fiancé avec qui elle partageait sa vie depuis plus de 4 ans décède du VIH. «Cela a été très difficile pour moi car en plus de la mort de mon ami, j’ai dû faire face au comportement très dur de la communauté LGBT. J’ai été accusée de tous les maux. S’il y a de la solidarité, il peut y avoir aussi une très grande rivalité.»

Commence alors une période sombre. Coco quitte Santa Cruz pour s’installer à La Paz où elle découvre le monde de la nuit et ses travers. «Cela a été ma perte. J’ai découvert les fêtes privées, les boîtes gay. Je suis tombée dans la drogue et l’alcool.» Cette période a duré des années où Coco s’est détruite physiquement et psychologiquement. Aujourd’hui, Coco veut retrouver une vie normale. Sobre depuis trois ans, elle travaille en tant que couturière et confectionne des vêtements pour ses amies de la communauté. A la fin de l’année 2016, elle espère avoir réuni assez d’argent pour se faire opérer de la poitrine.

MARCELO

Marcelo pose dans son appartement, El Alto
Marcelo pose dans son appartement, El Alto

A l’âge de 8 ans, Marcelo a subi plusieurs agressions sexuelles de la part d’un des ses cousins, âgé alors de 16 ans. Depuis ce moment là, sa vie a basculé et il ne s’est plus jamais senti «homme», comme il l’explique: «Après ces abus, plus rien ne pouvait être comme avant. Je me sentais sale, on m’avait volé mon identité.» Originaire d’un petit village du Béni, région rurale située au Nord du pays, son enfance a été très difficile. Rejeté par la majorité de ses amis, il est parti de la maison familiale à ses 17 ans pour s’installer dans la capitale, La Paz, plus précisément dans la ville d’El Alto où il s’est rapproché de la communauté LGBT qui pour lui est devenue sa «nouvelle famille». Il vit aujourd’hui avec son petit ami, avec lequel il partage sa vie depuis 5 ans, dans un appartement qu’ils rénovent ensemble dans le centre de la ville. A part son compagnon et la famille de celui-ci, personne n’est au courant de la double identité de Marcelo.

Sa famille restée dans le Béni ignore tout de sa double vie, même s’il pense que sa mère s’en doute: «Chaque maman le sait quelque part, non ?» avoue-t-il timidement. Marcelo se transforme régulièrement en femme, notamment lors d’événements particuliers comme la Gay Pride ou lors de soirées spéciales. Mais la majeure partie du temps, dans le civil, il sort en homme, comme au travail par exemple où il est comptable, pour éviter tout problème et le regard désobligeant des autres. «Les mentalités sont très fermées ici. J’ai souvent envie de pleurer car je me sens très seul. J’ai envie de crier à ma famille qui je suis vraiment mais j’ai trop peur de leur réaction. J’ai peur et honte aussi. Mais ma famille me manque terriblement.»

ANGIE

Angie, concentrée, achève de se maquiller dans sa salle de bain, La Paz
Angie, concentrée, achève de se maquiller dans sa salle de bain, La Paz

Angie a passé la majeure partie de son enfance avec sa sœur et sa cousine. Ses parents, très pris par leur travail, étaient souvent absents. Dès l’âge de 3 ans, elle passait la majeure partie de son temps à jouer à des «jeux de filles», comme elle l’explique: «Je mettais leurs vêtements, nous jouions ensemble à la poupée. A l’âge de 15 ans, je me suis rendu compte que j’étais différente des autres garçons de mon âge. Je regardais les filles, non pas parce qu’elles m’intéressaient mais parce que j’étais fascinée par leurs habits, la manière dont elles s’exprimaient, elles marchaient.» Dès qu’elle se trouvait seule dans l’appartement familial, elle empruntait les robes de sa soeur pour se travestir. À 18 ans, elle est allée dans la ville de El Alto, de nuit, pour acheter de la lingerie. «J’étais terrifiée à l’idée que quelqu’un me reconnaisse dans la rue. La société bolivienne est très fermée, très machiste.»

Angie cache ses nouveaux vêtements dans la petite pièce qui sert de laverie à la famille. Celle-ci ne sait rien du malaise d’Angie et de sa double identité. Parfois, lorsque ses parents s’absentent plusieurs jours, elle en profite pour aller chez deux amies travesties et sortir en boîte de nuit. Angie est très timide et ne se sent pas à l’aise dans son corps d’homme. Elle n’a jamais eu de petit(e) ami(e). Elle aimerait un jour rencontrer un homme plus âgé qui prenne soin d’elle et l’accepte telle qu’elle est.

GABRIELA

Gabriela dans les rues de La Paz
Gabriela dans les rues de La Paz

Lorsque les parents de Gabriela découvrent par hasard la garde robe féminine de leur fils dans sa chambre, ils lui demandent de consulter un psychanalyste. Gabriela a alors 21 ans et décide de partir de la maison pour aller à Cochabamba, chez une amie. «Je m’occupais de la tante de mon amie qui était très malade. Elle me payait très peu mais au moins je pouvais m’habiller comme je voulais.» Elle passe beaucoup de temps sur Internet à se documenter sur les hormones à prendre pour être plus féminine. «L’automédication est tellement facile en Bolivie, explique t-elle. J’achetais tout en pharmacie.» Si elle a commencé par effectuer des travaux alimentaires, Gabriela voulait surtout travailler dans son domaine de prédilection: l’ingénierie civile. Elle a commencé à envoyer des CV pour des postes qualifiés avec son nom civil (d’homme) mais avec une photo de femme. «Je n’ai presque pas eu de réponses. Et lorsque c’était le cas, on m’appelait par curiosité, comme si j’étais une bête de foire.»

Au bout d’un an de recherche vaine, elle sombre dans la dépression. Jusqu’au jour où elle en a eu assez et craque. «J’ai pris des ciseaux et j’ai coupé mes cheveux. J’avais 24 ans. C’était terrible, je me suis sentie très seule. C’était un échec, un retour en arrière. » De retour à La Paz, elle poursuit ses recherches d’emploi mais en tant qu’homme. Au bout de quelques semaines, elle décroche un contrat dans son domaine et gravit les échelons. Gabriela est aujourd’hui ingénieure dans une grande entreprise nationale de télécommunication. Elle a une petite amie depuis sept ans qui ignore tout de sa vie de «femmetransgenre » comme elle se définit. «Je ne me transforme plus que très rarement aujourd’hui. J’en ressens moins le besoin car lorsque je me regarde dans le miroir, je sais que je suis une femme au fond de moi. Et puis je me suis fait une raison: parfois on aimerait conduire une Ferrari mais ce n’est pas possible. La vie est ainsi faite», explique-t-elle, fataliste.

ROBERTA

Roberta Benzi, première femme transsexuelle de Bolivie, pose chez elle, dans son appartement à La Paz.
Roberta Benzi, première femme transsexuelle de Bolivie, pose chez elle, dans son appartement à La Paz.

Depuis l’âge de 7 ans, Roberto – à l’époque – a toujours su qu’il était femme à l’intérieur: «Lorsque je prenais mon bain avec ma sœur, je pensais que mon pénis allait tomber. J’empruntais régulièrement les robes et les chaussures de ma mère pour me déguiser en fille. Pour moi, c’était cela la normalité». Sa chance, comme elle l’explique avec une grande lucidité, est qu’elle a été beaucoup soutenue par sa mère dans son combat. Celle-ci, élue miss Bolivie en 1956, avait une place importante dans la haute société bolivienne, et prenait régulièrement la défense de sa fille et n’hésitait pas à prendre la parole: «Si vous n’acceptez pas ma fille comme elle est, dans ce cas, vous ne m’acceptez pas.» Son père, ancien footballeur et alpiniste de haut niveau, n’a jamais vraiment accepté sa situation, comme l’ensemble de sa famille et ses amis. «Mon adolescence a été très difficile. J’ai suivi une partie de mon éducation dans un lycée jésuite de la haute société bolivienne mais c’était horrible, je subissais les railleries de tout le monde. Souvent, lorsque nous nous rendions avec ma mère dans des parcs ou autres lieux publics, les personnes partaient en nous voyant», explique-t-elle. Désireuse malgré tout de vivre sa transidentité, Roberta refusait de se cacher et elle a été renvoyée de nombreux établissements scolaires.

A ses 21 ans, elle se rend au Brésil pour changer de sexe. Une opération onéreuse qui coûtât à l’époque plus de 50’000$ US, financée grâce aux revenus de ses parents. Renvoyée de l’université catholique de La Paz, elle décide de partir au Chili afin d’étudier le journalisme avec un seul objectif: revenir en Bolivie avec son diplôme et prouver aux autres qu’elle avait sa place et qu’elle avait les même droits qu’eux. «Je voulais leur montrer que moi aussi, je faisais partie du monde». Cela ne s’est pas fait sans mal mais a au final été payant. La même année, Roberta revient en Bolivie pour se faire opérer de la poitrine à Cochabamba. Lorsqu’elle décrit les différentes étapes de sa vie, Roberta explique: «Je suis né petit garçon, à l’adolescence je suis devenu homosexuel, ensuite j’ai été travestie, puis transsexuelle pour être aujourd’hui femme.»

Roberta Benzi a été élue Miss Bolivia Gay en 1983. Devenue le symbole de la lutte des droits des femmes en Bolivie, Roberta Benzi est une figure publique reconnue et très sollicitée. Une journée nationale lui est même dédiée: le 17 octobre, Jour Roberta Benzi des femmes boliviennes. Se consacrant à diverses activités, notamment la création de bijoux, elle vit aujourd’hui entre Lima et La Paz et se dit très heureuse: «Après toutes ces années, je suis enfin devenue ce que je voulais être.»

2 thoughts on “Onze destins trans en Bolivie

  1. Utilisez les bons pronoms svp (« elle » même pour parler de leur vie pré-transition), parce que là c’est insupportable à lire. C’est une question de respect.

    1. Bonjour Jeanne, merci de votre commentaire. Nous avons adapté le témoignage d’Angie.

Comments are closed.