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mar 7 mai, 18:30

Sotchi, Poutine, les Russes: vraiment si gay?

Dans une tribune du «Guardian», la journaliste Rebecca Nicholson s'interroge sur les multiples satires ironisant sur le côté gay des JO de Sotchi ou du président russe: rigolotes, mais peut-être contre-productives.

Vous avez vu la chorale de la police russe reprendre le hit de Daft Punk «Get Lucky»? C’est un groupe d’hommes qui chantent une chanson disco, donc c’est vraiment gay. Et Vladimir Poutine qui pose torse nu et dit qu’il aime le grand artiste gay Elton John? Vous pensez quoi de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Sotchi, où l’on a entendu «We Will Rock You» de Queen? C’était Freddie Mercury, un autre gay, qui chantait! Les uniformes des bénévoles des JO couleur arc-en-ciel: totalement gay! Et les ballerines: si gay! Sans oublier ces danseurs habillés comme des anémones de mer! Bref, la Russie est tellement gay! «Que personne ne le dise aux Russes, mais regardez à quel point leur cérémonie d’ouverture était supergay», a écrit le Huffington Post. «Désolé Poutine, la fête était totalement gay», a ajouté le Daily Beast, tandis que New Statesman renchérissait: «Pour ces Jeux olympiques d’hiver, la Russie a fait plus gay que gay».

Le problème, c’est que ces articles confondent deux choses: «gay» et «camp» [l’esthétique kitsch et flamboyante, souvent associée à la culture homosexuelle, ndlr]. Cela développe un paradoxe: en mettant en évidence le ridicule d’être antigay, ces articles retombent dans des stéréotypes éculés de la vie gay.

Homoérotique, Vladimir Poutine?
Objet de nombreuses moqueries, les paillettes de la cérémonie d’ouverture, les excès, les tenues voyantes et le mélodrame fastueux (comme si cela avait été différent des autres cérémonies d’ouverture des JO récents) était «camp». Mais le «camp» n’est pas gay par nature. Pas plus que ne l’est un homme qui pleure en regardant un film, même si un article de Buzzfeed intitulé «Les 16 photos les plus homoérotiques de Vladimir Poutine» suggère que lorsque Poutine verse une larme, cela veut dire qu’il aimerait avoir des rapports sexuels avec des hommes.

Je sais: c’est de la satire. Beaucoup des auteurs de ces articles sont gays et veulent souligner, à juste titre, que la Russie est pleine d’homosexuels – en dépit des déclarations du maire de Sotchi, qui prétend qu’il n’y en a pas dans sa ville. Il est stimulant de défier l’arsenal législatif russe, qui réduit les mouvements homosexuels au silence et à l’invisibilité, et il est d’autant plus satisfaisant de le faire avec de l’esprit.

Je comprends donc pourquoi il est amusant de laisser entendre que Vladimir Poutine, celui-là même qui ordonne aux homos de rester à l’écart des enfants en vertu de la croyance largement répandue en Russie qu’homosexualité et pédophilie sont la même chose, est aussi gay que les personnes qu’il transforme en criminels en puissance. Mais pourquoi alors utiliser de tels clichés et stéréotypes, qui tendent à affirmer que tous les gays sont les mêmes? Ils ne le sont pas , et si cette loi terrible [contre la propagande homosexuelle] nous enseigne quelque chose, c’est qu’il y a un réel danger à insister sur le fait qu’ils le seraient.

» L’article original dans «The Guardian». Traduction: Antoine Gessling pour «360°».