Quand Barjot récolte les fachos

Au début, lorsque tu nous la jouais bigote branchée, réac mais cool, on avait plutôt haussé gentiment les épaules, même qu’avec ton look de Guy Gilbert peroxydé, tu aurais presque pu nous attendrir.

Sauf que, au fil des mois et de ton discours assez confus au demeurant, tu t’es gravement radicalisée, à l’image sans doute de ton auditoire, de plus en plus extrémiste. Rappelons qu’à l’heure où nous mettons sous presse, tu viens de menacer le Président. S’il « veut du sang, il en aura», et de taxer le gouvernement actuel de «dictature».

«Si j’étais Henri Guaino, je m’inquiéterais pour les gosses.»

Tout ça parce que, contre vents extrémistes et marées layettes – et plus vite que prévu – le mariage pour tous est désormais une réalité française. A l’instar d’autres pays européens, dans lesquels aucun des cataclysmes sociétaux dont tu menaces tes concitoyens ne se sont produits. A ce jour, la seule famille de l’hexagone qui risque d’être durablement perturbée par la nouvelle loi est…la tienne. Grâce à toi, dans la joyeuse tribu d’humoristes Zero-Barjot-Koch l’heure n’est plus à la franche rigolade. Ton beau-frère essayant de te rappeler à la raison, ton mari qui s’en mêle et toi qui renchérit… Si j’étais Henri Guaino, je m’inquiéterais pour les gosses.

Visiblement rien ni personne ne semble en mesure de te stopper. Déjà, tu brandis le recours devant le Conseil constitutionnel et de nouvelles manifs contre la PMA et la très hypothétique GPA. La loi peut bien être votée, toi, aussi démocrate qu’une poule sans tête, tu gesticules encore. Il faut dire que l’idée d’être privée de descente de Champs Elysée avec tes divisions d’hétéros à poussettes et pour seule perspective de retourner sniffer de l’encens dans l’indifférence générale, ça doit t’angoisser grave.

«Le souci c’est qu’il y a peu de chances de voir tes nouveaux potes de l’utra-droite reprendre en chœur ton célèbre «Fais moi l’amour avec deux doigts»

D’autant qu’au passage tu auras perdu tous tes amis, les sympas, les fêtards et les déconneurs, au profit d’une foule d’ultra droitiers et autres intégristes enragés qui t’emboîtent désormais le pas. Le souci c’est qu’il y a peu de chances de voir tes nouveaux potes reprendre en chœur ton tube décalé de 2006 «Fais moi l’amour avec deux doigts» dont le visionnement dans le contexte d’aujourd’hui laisse pantois.

Car, c’est bien là le problème, toute entière vouée à la promotion de ton programme de frustration pour autrui, tu n’as pas vu les monstres que réveillait ton délire. Ta jouissance à lutter pour priver d’autres de ce que tu as toi-même – sans doute psychanalytiquement explicable – a ouvert une voie inespérée à cette version ahurissante de militance: des citoyens appartenant à la majorité objective (hétéro), qui s’estiment martyrisés parce que des droits seraient accordés à une minorité de fait (homo et autres sexualités).

Ton nom est désormais accolé à l’apparition d’une nouvelle revendication: la liberté d’oppression. Sauf que cet oxymore pervers suscite des vocations parmi des encore plus radicaux et agités que toi, qui vont se faire un plaisir de te couper le micro, crier plus fort et prendre ta place. Faudra pas venir te plaindre. Que veux-tu, à semer ce genre d’idées, Barjot, on récolte des fachos.