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Samuele, les mots au cœur

Samuele, les mots au cœur

Elle est auteure avant d’être musicienne, engagée dans la vie comme sur scène, Samuele est une artiste québécoise qui touche autant qu’elle charme. Portrait d’une femme authentique.

De passage à Genève dans le cadre de La Bâtie, en septembre, Samuele avait précédé Sandor sur la scène du Chat Noir. Cette artiste, fille de l’auteur-compositeur-interprète québécois Gaston Mandeville, présente son nouvel album «Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent». Un titre évocateur à l’image de ce qui anime la jeune femme dans sa vie comme sur scène. Ses inspirations sont Ani Di Franco ou Courtney Barnett, autant de femmes qui ne s’excusent pas d’être qui elles sont. Elle a choisi de trouver sa propre identité et de la partager. Une habileté unique à nommer les choses humaines, un non compromis à l’honnêteté qui fait d’elle, une grande.

360° – Comment décrirais-tu ton univers musical?
Samuele – Ce qui relie toutes les chansons, c’est le texte. Je suis d’abord auteure. La musique fait aussi partie de mon identité, mais elle est au service du texte. Le style va du folk pur au stoner rock, en passant le blues. La musique a pour moi a quelque chose de très sensuel, qui vient des hanches. C’est très instinctif. J’ai écrit mon premier disque, «Le goût de rien», quand je me suis séparée en 2010. C’était des peines d’amour, un manque d’estime, j’avais envie de faire carrière parce que je voulais que les gens m’aiment. Un jour, j’ai arrêté de vouloir plaire aux gens. Je me suis épanouie au niveau personnel. J’ai commencé à avoir du fun. Là, sont arrivées «Les filles sages». Les thèmes sont quand même très dark. Je parle de dépression, de suicide aussi, même si l’album n’est pas sombre du tout. Ce sont des choses que j’ai vécues. Je ressens un désir profond de traiter les sujets de façon universelle pour que ça parle aux gens.

– Tu parles de message universel, tu te sens une mission de transmettre quelque chose au monde?
– Mon message vient de mon existence plus que de mon art. C’est ma façon d’évoluer dans le monde, de communiquer. Ma mission, c’est d’être vraie à moi-même, de ne pas me laisser tomber, de prendre la parole et de défendre ce en quoi je crois. J’ai passé mon adolescence à être fâchée. J’ai voulu arrêter de vivre, et me suis dit que si je pouvais rester, il fallait que j’aie du plaisir. Pour être bien dans ma peau, je dois pouvoir communiquer sur ces choses-là. Si je ne parle pas de mon identité, j’ai l’impression de me faire violence. Je me définis comme queer. Queer, c’est avant tout une identité politique. C’est refuser les terreaux normatifs, et la binarité du genre, qui sont antiféministes et anti-bonheur. En termes plus techniques, je définis mon orientation comme pansexuelle. Je suis attirée par des personnes sur tout le spectre du genre. Pour moi le genre, ce ne sont pas des hommes et des femmes, c’est un grand arc-en-ciel de possibles. J’ai rencontré beaucoup de personnes non binaires dans ma vie, et si je me dis bisexuelle ou lesbienne je les rends invisibles. Mon sentiment pour une personne n’est pas déterminé par sa présentation de genre, ni par ses organes ou son corps physique. Je suis attirée par l’énergie de la personne.

– Tu as choisi de rendre cela public dès le début de ta carrière…
– Du moment que j’ai fait mon coming out dans ma vie privée, ça allait de soi que je ne pouvais pas me cacher. Je ne voulais pas avoir à faire attention si je fréquentais une fille et je voulais être honnête avec mon public. C’est aussi pour cette raison que mon coming-out n’est pas arrivé tout de suite. La question de l’auto-sabotage s’est aussi posée. Est-ce que je ne voulais pas ruiner intentionnellement ma carrière en m’exposant? Je me suis dit qu’une carrière ne valait pas la peine si je ne pouvais pas être qui je suis. Je pense que le public est prêt à m’accueillir comme ça aujourd’hui. Il y a dix ans, ce n’était pas la même chose.

– S’engager pour toi, ce sont aussi les actes…
– J’ai toujours été militante dans ma vie. J’avais besoin de trouver une façon de m’impliquer qui était en accord avec ma vie de parent et de tournées. GRIS apparaissait comme l’organisme parfait. Avec lui, j’aide à défaire les stéréotypes sur la sexualité. Je me présente dans des classes de secondaire, devant des jeunes de 12 à 16 ans, je parle de mes expériences puis je réponds aux questions. C’est un engagement direct. Je pense que cette envie-là me vient beaucoup du fait que je n’ai pas eu de modèle. Ça m’a pris tellement de temps de comprendre qui j’étais parce que je ne l’avais jamais vu avant. Dès lors que je l’ai compris, je me suis dit que c’était un peu mon devoir que de me rendre visible et devenir un modèle pour des jeunes.

» Samuele «Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent» samuelemusique.com