Le coming-out à l’envers de David Bowie

Dans l'avalanche d'hommages à David Bowie, qui s'est éteint dimanche, on pourra aussi saluer un des premiers coming-out médiatiques de l'histoire du showbiz. C'était en 1972.

Certains sont sortis du placard à reculons (les Boy George et autres George Michael), lui l’a fait à l’envers. Le 22 janvier 1972, encore à mi-chemin de son ascension dans le star-system, David Bowie balançait: «Je suis gay… Je l’ai toujours été, même quand j’étais David Jones (son nom d’état civil, ndlr)». La révélation dans les pages du «Melody Maker», dans une Angleterre qui n’avait dépénalisé l’homosexualité que cinq ans auparavant, avait fait l’effet d’une bombe. «Ça sonne maintenant comme une réplique de «Little Britain», mais ce n’était pas comique, à l’époque», a raconté Michael Watts, qui avait recueilli cette confidence d’un Ziggy Stardust en combinaison collante et en bottes de plastique rouges. «Après Bowie, le déluge. Mais il avait calculé les conséquences. Faire éclater les tabous met en branle la machine à faire des stars. Il était aussi, tout simplement, honnête. Même dans la pop, ça paie.»

Au moment de cette interview, Bowie était marié avec Angie. Il a précisé quatre ans plus tard qu’il était bisexuel, puis en 1983 il a tiré un trait sur ces révélations en se décrivant comme un «hétérosexuel dans le placard». Il avait fini par définir son «I’m gay» de 1972 comme la «plus grosse bêtise qu’il ait jamais faite» – notamment à l’égard du public américain de l’époque, horrifié. Pour ses biographes, l’androgyne Bowie n’a probablement jamais été ni gay ni vraiment bisexuel, au mieux curieux. «La sexualité gay a toujours été pour lui anecdotique, un sujet de rigolade», a résumé Christopher Sandford.