Genève
#Littérature

Vieille comme la rue? La prostitution hier et aujourd’hui

ven 19 avril, 17:30
La Chaux-de-Fonds

Bang! Bang!

mer 15 mai - sam 25 mai
Lausanne
#Danse

Le cerveau mou de l’existence

mar 16 avril - dim 21 avril
Lausanne

Guinguette Queer

dim 5 mai, 15:00

Club Kid 2.0

Après 17 ans sous les verrous pour meurtre, l'ex-membre des Club Kids Michael Alig est en liberté. Redeviendra-t-il le roi des nuits new-yorkaises?

Michael Alig. Son nom ne vous dit rien, ou alors il vous rappelle vaguement quelque chose. Rassurez- vous, ne pas le connaître n’est pas un crime de lèse-majesté en culture générale, il n’est ni une star de cinéma, ni un politicien brillant. Mieux qu’une star, Michael Alig est, ou plutôt était une superstar. Un peu comme son héros Andy Warhol aimait les fabriquer en série dans sa Factory à New York. New York justement, c’est là que tout a commencé pour Michael Alig au début des années 90, quelques années après le décès du pape du pop art.

«Le conte de fée s’était transformé en cauchemar.»

L’histoire du jeune homme ressemble à un conte de fée américain. Débarqué à un très jeune âge de South Bend, Indiana, son bled natal dans la ville où on ne dort jamais, il a aussitôt été ébloui par la nuit underground et ses créatures clubbeuses de l’extrême. Fin observateur, il a commencé par scruter pour mieux les appliquer les codes de la nuit, ses rois, ses reines, ses princesses et ses wannabes. Luimême a commencé par être un wannabe. Flanqué de son nouveau best friend extravagant James St James, dandy dans l’âme jusque dans les talons compensés de ses platform shoes, Michael Alig, bon élève, a imité minutieusement les manies de son mentor pour se profiler sur le devant de la scène club. Il s’est approprié ses réparties, s’est inspiré de ses looks les plus fous.

De l’alchimie complexe de leur relation passionnelle, emprunte de fascination, de jalousie et d’ambition dévorante de gouverner sur les nuits new-yorkaises, est née une tribu: les Club Kids. Une bande de jeunes pour qui la fête était une religion, qui passaient leur temps à se préparer pour être certains d’être vus en soirée. Logique avec l’excitation de la nuit, les pilules d’ecstasy passaient de langues en langues. Et des tas d’autres drogues. La fête était sans fin. Michael Alig régnait enfin sur New York en trainant son fan-club de plus en plus nombreux dans les soirées qu’il organisait au Limelight, ce célèbre club dans une ancienne église gothique.

Marteau et drano
Telle une diva décadente, il ne sortait pas sans sa garde rapprochée. A savoir Gitsie, Jennytalia, Robert «Freez» Riggs, Richie Rich, Charlie «Dash» Prestano. Mais aussi des futures stars internationales de la nuit, telles qu’Amanda Lepore et RuPaul. Ces créatures hautes en couleurs n’ont pas tardé à devenir les chouchous des plateaux télévisés des talk-shows américains de l’après-midi, un concept encore à ses balbutiements à cette époque-là. Autour d’eux, un ange aux grandes ailes blanches rôdait en permanence, c’était Angel.

Méprisé par Alig qui ne le trouvait pas assez fabuleux, il était cantonné au rôle de dealer pour rester dans le cercle. C’était sa condition. Alig consommait de plus en plus de drogues sans jamais payer Angel. Jusqu’au jour où il a pété les plombs. Arrivé chez Alig – complètement défoncé – il a réclamé son argent en cassant la table en verre du salon. Ils se sont battus, leurs cris ont sorti de sa torpeur le colocataire de Michael, Robert «Freez» Riggs. Il les a rejoint dans le salon, a fracassé le crâne du dealer avec un marteau. Trois fois. Ils lui ont injecté du Drano pour l’achever, ont conservé le corps pendant quelques jours dans l’appartement et se défonçaient sans cesse. Jusqu’au moment où le corps s’est mis à sentir. Impossible de le garder ainsi, ils ont démembré le cadavre, l’ont mis en pièces détachées dans des sacs poubelles qu’ils ont ensuite balancé dans la Hudson River. En décembre 1997, après plusieurs mois à jouer au chat et à la souris avec les investigateurs de l’enquête, Alig s’est déclaré coupable du meurtre. Le conte de fée s’était transformé en cauchemar.

Le 5 mai 2014, il est sorti de prison après 17 ans sous les verrous. Autant dire une éternité, surtout avec l’explosion d’Internet entretemps. A peine sorti, il a demandé à un journaliste qui l’interviewait: «Il faut que vous m’aidiez pour quelque chose. Vous savez, je ne peux apprendre qu’une chose par jour, sinon c’est trop. Pouvez-vous me montrer comment créer une adresse email? pour des trucs de sexe?»