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R’n’b nouvelle vague

Protégé de Kanye West et Jay Z, le prodige de 24 ans Frank Ocean a fait son coming out cet été. Mais ce n'est de loin pas la seule raison d'aimer son premier album.

Il y avait de quoi se méfier. Un coming out scandé à la face de toute la West Coast juste avant le lancement de son premier album. Les réactions encourageantes de la plupart des cadors de la branche – Jay Z, Beyonce Knowles, 50 Cent –, échos faits au rêve américain admirablement inclusif du président Barack Obama. Et puis des annulations à répétition en Europe (le festival Rock en Seine fin août, la première partie de Coldplay début septembre au Stade de France) laissées comme autant d’invitations au désir.

Oui, Frank Ocean, 24 ans, s’est révélé en avis de tempête sur l’été 2012 avant même que sa musique n’ait atteint les rivages radiophoniques. Pourtant, à l’heure du calme revenu, «Channel Orange» fait l’effet d’une pépite d’écume à contempler avec du grand bleu dans les yeux et un soupçon d’amertume en bouche. «Why see the world when you got the beach?», répète le Californien au fil du titre «Sweet life». D’un côté, l’élégance imparable d’une production haute couture. De l’autre, la prose délicatement cynique d’un R’n’B qui tourne le dos aux codes bling bling du genre, à l’opposé des Usher, Ne-Yo et autres Justin Timberlake. Aux carosseries d’une musique de rutilance, Frank Ocean préfère les mécaniques de l’introspection.

Bitume et mélancolie
Il faut dire que ce crooner en creux a déjà fait un bout de route. Dans la Nouvelle Orléans qui l’a vu grandir entre un père occupé à courir après une carrière de musicien qui ne démarre pas, un grandpère toxico repenti et les disques de jazz de sa mère, Christopher Breaux de son vrai nom, déjà passionné de songwriting, lave des voitures et tond les pelouses pour se payer quelques heures d’enregistrement professionnel. En 2005, l’ouragan Katrina dévaste la ville et innonde son studio. A peine plus de 1000 dollars en poche, il gagne L.A. à bord d’une petite voiture japonaise.

Quelque cinq ans plus tard, Frank Ocean habite à l’ombre des collines hollywoodiennes, deux berlines allemandes dorment au garage. Il demeure pourtant un second couteau, écrivant pour les idoles du moment – Justin Bieber, Beyonce ou Brandy. Et puis, en 2011, un featuring sur l’album commun de Jay Z et Kanye West «Watch the Throne» et une première mixtape intitulée «Nostalgia, Ultra» jettent sur le jeune homme la lumière qu’il mérite.

Ce qui frappe, d’abord, c’est la puissance caramélisée d’une voix alternant sans cesse entre rap, timbre de poitrine généreusement suave et sublimes aigus en falsetto – évidentes références à Prince et Stevie Wonder. Les textes, eux, racontent une mélancolie couleur bitume, amours déçues pronominalisées au masculin («You run my mind, boy»), nuits de strip interlopes et jeunesse rongée par le consumérisme, le tout porté par une pudeur jamais démentie. «J’aime l’anonymat que les réalisateurs de cinéma ont vis-à-vis de leurs films, déclarait-il récemment au New York Times. Bien qu’il s’agisse de ma voix, je reste un conteur.» L’intimité des mots débarassés de leur ego. D’ores et déjà, Frank Ocean a sa signature.

En automne, faut que ça cogne
Grand gourou de la tabasse à l’allemande, Boys Noize fait escale à la Salle des Fêtes de Thônex (le 18 octobre) histoire de promouvoir un nouvel album, «Out of the Black», dont les premiers fumets promettent de faire passer la bratwurst pour un plat végétarien. Avec, encore et toujours, cette manière de booster les sonorités berlinoises avec un feeling plus street – résultat ultracalorique garanti. Miss Kittin, elle, a toujours su poser les questions qui tuent. «Do you know Frank Sinatra? He’s dead», disait-elle aux grandes heures de sa collaboration avec The Hacker. Ses productions continuent de taper là où ça fait mal, donc là où ça fait du bien (26 octobre au D! Club de Lausanne). Oh que c’est bon d’être putassier …